jeudi 12 août 2010

l'amoureuse

Avant qu'il se joigne à notre soirée, on nous avait parlé de ce garçon comme d'un gagnant, de quelqu'un qui irait loin, comme d'un vendeur-né, de ceux -selon la formule consacrée- qui feraient acheter un frigo aux Esquimaux. 

C'était une publicité mensongère : il s'agissait surtout d'un garçon plus sûr de lui que nous tous réunis ce qui, d'emblée, nous l'avait rendu antipathique. 
Il n'aurait rien réussi à me vendre et, d'ailleurs, jamais je ne l'aurais laissé rentrer chez moi. 
Je suis une si mauvaise cliente que je n'ai même pas acheté de frigo et, de toute façon, je ne mange pas d'esquimaux. 
Si tout le monde était comme moi, seules les librairies n'auraient pas encore fait faillite. 
Et si les apprentis vendeurs faisaient leurs classes rue Linière plutôt qu'au Pôle Nord, aucun d'eux n'en sortirait diplômé. 

Quand les publicitaires déclareront-ils forfait ?
Sur mon écran, ils ne savent plus que placer dans mon champ de vision pour attirer mon attention. 
Toute la mode de l'été
bradée, 
un voyage au loin 
pour trois fois rien,
réservez votre hôtel
à Bruxelles, 
vous voulez maigrir ?
vous voulez mincir ?
un régime adapté
et des kilos envolés, 
faites 
notre test
et vous saurez
quand vous mourrez
... 
C'est bien mal me connaître. 

En désespoir de cause, ils sortent le grand jeu : sur un simple clic, les tarots bohémiens peuvent tout me révéler de moi.
Or, je ne confie mon avenir qu'à celle qui, entre deux propos sur l'amour, entre deux tasses de thé, bat les cartes et sait m'annoncer des bonnes nouvelles.